L'alchimie de la création
Comment se crée un parfum? De quelle alchimie est-il le fruit? est-il produit par d'habiles artisans parfumeurs ou par des chimistes spécialisés en manipulations de laboratoire? On se pose la question et on ne sait où chercher la réponse. Peut-être parce que le parfum est un domaine si mystérieux - et si souvent jalousement gardé secret - que le profane ne saurait, sauf initiation patentée, y avoir accès et quand un admirable roman, Le Parfum de Patrick Süskind, vient en divulguer quelques principes, c'est pour plonger le lecteur dans la complexité psychologique du parfumeur Grenouille, savant et talentueux créateur mais aussi méticuleux et obscène!
Aujourd'hui, lorsqu'un serge Lutens arpente le souk de Marrakech pour matérialiser sans sa mémoire olfactive une composition comme les Muscs Koublaï (les Salons du Palais royal - Shiseido), que Jean Laporte (Le Maître Parfumeur et Gantier) crée un parfum au café, ou que Lorenzo Villoresi, à florence, tente de traduire la demande d'un client en élaborant un parfum féminin qui évoque la sueur du cheval, la démarche de ces nouveaux parfumeurs indépendants a bien quelque chose d'étrange et de poétique. mais, dans le même temps, d'autres parfumeurs travaillent dans l'anonymat de grandes multinationales à la fabrication de parfums toujours plus complexes qui peuvent être reproduits dans les filiales dispersées dans le monde entier (un peu comme la firme en Chine comme au Brésil ou en Virginie, avec des produits locaux).
Le grand parfumeur Edmond Roudnitska, le nez fameux de Dior, se lamentait de l'évolution de la parfumerie contemporaine qui, selon lui, ne laisserait plus de place au créateur. La compétition est rude en effet pour un produit qui se veut toujours plus accessible et dont l'objectif est de séduire la population mondiale. Au Brésil, les sociétés de vente à domicile, comme Avon ou Natura, distribuent leurs produits dans les villages les plus reculés d'Amazonie, où la population est encore analphabète! Une évolution qui aurait surpris Cléopâtre, pour qui le parfum était un apanage divin, réservé à l'élite princière de l'Egypte ancienne, et sans doute également Jeanne Lanvin ou Coco Chanel, qui croyaient que le parfum serait un complément - on dirait aujourd'hui un accessoire - de la couture, non sa locomotive." Extrait du livre
L'ABCdaire du Parfum est également édité en langue italienne et portugaise:
ABCdaire du Parfum
Ed. Flammarion,1999
ABCedàrio do Perfumo
Ed. Flammarion,1999
ABCedàrio do Perfumo
Ed. Publico,2000
Piccola enciclopedia del Profumo
Ed. Rizzoli, 2004
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